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Une critique de l'article de Levitt & Lai
Les effets biologiques de l'exposition aux CEM des tours de téléphonie cellulaire et du Wifi
Par Lorne Trottier
Introduction
Ceci est une critique d'un article par Levitt & Lai intitulé « Les effets biologiques de l'exposition aux
radiations électromagnétiques émises par les stations de tours de téléphonie cellulaire et par d'autres
réseaux d'antennes», publié par le Conseil national de recherches Canada.
L'article de Levitt & Lai est sensé être un exposé sur la multitude de risques à la santé posés par les tours de téléphonie cellulaire et du wifi. Mais en réalité, ce n'est qu'un recyclage des mêmes arguments déjà utilisés dans le Rapport BioInitiative (RBI) qui a été largement discrédité. Le RBI a était auto-publié par un groupe d'alarmistes connu, qui promeut la thèse que les CEM sont nocifs à la santé. Voir notre page internet à ce sujet. Henry Lai est un des auteurs du RBI. Ce rapport a été directement critiqué par plusieurs organisations scientifiques dominantes telles que Le comité EMF-NET de l'Union Européenne, le Comité COMAR de l'IEEE, le Conseil de santé des Pays-Bas et beaucoup autres.
L'article de Levitt & Lai ressuscite ce vieil argument. Levitt est un journaliste de « science » indépendant et non pas un scientifique, et il a déjà écrit d'autres articles anti-CEM. Henry Lai, quant à lui, est l'auteur de plusieurs articles sur les effets biologiques des CEM mais qui ont tous été rejetés par la majorité dominante des scientifiques, par ce que ses résultats n'ont pas été reproduits par d'autres scientifiques. Par exemple, ses articles de 1995 et 1996 prétendant trouver que le CEM endommage l'ADN ont été largement critiqués par ce que d'autres scientifiques n'ont pas pu reproduire ses résultats (Malyapa et al. 1997*1 et Lagroye et al. 2004*2). Lai a inclus dans l'article de Levitt & Lai l'étude discréditée qui prétend montrer que les CEM abîment l'ADN, mais il a omis toute référence aux autres études qui contredisent ses résultats. Ceci est vrai pour pratiquement toutes les études mentionnées dans cet article.
Le fait que Levitt & Lai, deux Américains, se sont arrangés pour avoir leur article publié par le Conseil national de recherches Canada, au lieu que ça soit par un journal scientifique, est une forte indication de leur objectif, à savoir influencer le débat politique autour du Wifi au Canada.
Effets Biologiques
Dans cet article, Levitt & Lai commencent par un examen de base des téléphones cellulaires et de la technologie Wifi. Ils revoient un peu l'histoire de cette technologie et sa pénétration massive et croissante dans le marché. Leur résumé est très simpliste et contient des erreurs techniques de base sur quelques questions, telles que la raison pour laquelle les tours de téléphonie cellulaire sont plus proches l'une de l'autre qu'avant (ceci est dû bien évidemment à l'augmentation du nombre des utilisateurs et non pas aux longueurs d'ondes plus courtes). Ils utilisent un langage très suggestif et alarmant. Ils énumèrent une liste étendue d'études aux noms très impressionnant, prétendant démontrer les effets négatifs des CEM, tels ceux utilisés dans les tours de téléphonie cellulaire et dans des appareils à Wifi.
L'erreur la plus flagrante commise par Levitt & Lai est l'omission totale de toute référence aux évaluations actuelles de la littérature scientifique sur les CEM soutenues par la majorité écrasante des scientifiques et des autorités de santé mondiales. Ces évaluations sont basées sur une approche équilibrée qui analyse TOUTES les études, positives et négatives incluses, suivant les critères établis par l'Organisation mondiale de la santé : « Toutes les études, qu'elles soient à effets positifs ou négatifs, doivent être évaluées et jugées sur leurs propres mérites, et puis toute ensemble avec une approche du poids-de-la-preuve. Il est important de déterminer combien un ensemble de preuves change la probabilité que l'exposition produise un résultat. Généralement, les études doivent être reproduites, ou en accord avec d'autres études similaires. La preuve pour un effet est plus renforcée si les résultats issus de différents types d'études (épidémiologie et laboratoire) convergent vers la même conclusion.»
En utilisant cette approche, les scientifiques ont déterminé que les études qui montrent un effet négatif, telles que celles mentionnées par Levitt & Lai, utilisent une méthodologie inadéquate, et/ou n'ont pas pu être reproduites dans d'autre études de suivi. En fait, la plus part de ces études ont été fortement réfutées par d'autre études beaucoup plus rigoureuses et complètes. Dans plusieurs cas, des failles graves ont été détectées dans les études montrant des effets négatifs. Un excellent exemple d'une telle évaluation est le rapport en 2009 du comité SCENIHR de la Commission Européenne intitulé Les effets de l'exposition aux CEM sur la santé. Il déclaré (P 4) que : « Il a été conclu à partir de 3 types indépendants de preuves issues d'études épidémiologiques, animales et in vitro) qu'il est improbable que l'exposition aux CEM conduise à une augmentation du taux de cancer chez les humains. » Les organes consultatifs scientifiques de pratiquement tout les pays industrialisés , y compris l'Organisation mondiale de la santé, American Cancer Society, Santé Canada et les organisations équivalentes en Australie, Finlande, France, Allemagne, Hong Gong , Irlande, Japon, Pays-Bas, Nouvelle Zélande et en Suède ont tous publié des évaluations avec des conclusions analogues : il n'ya aucune preuve crédible démontrant les effets négatifs des CEM.
Le fait que Levitt & Lai n'aient pas fourni une évaluation équilibrée est en lui-même un exercice d'alarmisme conçu spécifiquement pour désorienter le public, et est exactement le contraire d'une approche scientifique objective. Le public n'est pas qualifié pour comprendre ces centaines d'études hautement spécialisées. Les autorités de santé publiques examinent constamment la littérature scientifique et analysent toutes les nouvelles données. En fait, Santé Canada a récemment publié une déclaration à propos de l'article de Levitt & Lai disant : « Il n'y a aucune nouvelle donnée présentée » et « …les conclusions des auteurs ne sont pas basées sur l'évaluation complète de toutes les preuves
scientifiques »
Électro-sensibilité
Levitt & Lai continuent et décrivent une longue liste de symptômes non-spécifiés qu'ils regroupent sous la catégorie d'électro-sensibilité ou EHS. Cette liste comprend les maux de tête, fatigue, dépression, hyperactivité, éruptions cutanées, palpitations cardiaques, etc. Ceux sont tous des symptômes ordinaires causés par le stress et le les pressions de la vie moderne, et non pas par les effets de CEM tel qu'ils prétendent.
Il y a deux problèmes principaux avec ce saut de déduction illogique. Premièrement, les études mentionnées par Levitt & Lai ont toutes été discréditées par la majorité des scientifiques. Si les effets négatifs des CEM n'existent pas, il serait impossible pour qu'ils soient la cause des symptômes EHS. Deuxièmement, pratiquement toutes les études en double aveugle qui ont été menées sur les individus prétendant souffrir de l'hypersensibilité, ont concluent que les CEM ne causent aucun symptôme. Rubin et al. ont fait un examen systématique de toutes les 46 études en double aveugle. Les résultats ont toujours été négatifs. Levitt & Lai ont été assez honnêtes pour mentionner quelques une de ces études en double aveugle, et aucune d'elles ne soutenait leur conclusion sur l'hypersensibilité. Le test en double aveugle est l'étalon-or de toute approche scientifique.
D'une façon ou d'une autre, Levitt & Lai se sont arrangés pour ignorer toutes les conclusions évidentes des études importantes, et insistent que les croyances des individus EHS ne peuvent être fausses. Ils citent un nombre d'études menées pas en double aveugle sur les gens qui habitent prés des tours de téléphonie cellulaire. Ces « études » ne sont que des sondages d'opinion de ces gens là qui associent leurs symptômes à leurs proximités des tours de téléphonie cellulaire. Ils déclarent : « Ça fait peu de sens de continuer à ignorer les rapports de symptômes faits en bonne foie » C'est le même illogisme qu'on retrouve dans la fable de Chicken Little qui a semé la panique dans la population concernant la tombée du ciel. Cela n'est pas de la science.
La communauté d'alarmistes, qui comprend un petit nombre de scientifiques bruyants tels que Lai, s'est activement engagée dans une campagne de diffusion de cette pseudo science au sein du public. Ils se sont même crées une organisation avec un nom très impressionnant : La commission internationale pour la sécurité électromagnétique (ICEMS). Leur objectif est de semer la panic au sein du public que « le ciel va tomber » afin d'influencer assez de responsables de la santé publique pour changer la politique vis-à-vis les CEM.
Un excellent exemple de cette panic peut être constaté récemment à Barrie Ontario, où un groupe de parents d'élèves prétendent que leurs enfants sont tombés malades à cause de la présence du Wifi à l'école, et décrivent la liste habituelle de symptômes non spécifiés tels que les palpitations cardiaques. Ceci est allé encore plus loin, au point où leur porte parole, Rodney Palmer, a déclaré dans son témoignage à l'audition parlementaire du Canada qu'il y a même eu deux enfants qui ont eu des crises cardiaques causées par leur exposition au Wifi à l'école. Comme preuve pour ses déclarations, il a cité une « étude » récente publiée par Magda Havas, qui est une des principales alarmistes de ce mouvement. Cette « étude » est tellement imparfaite, qu'un(e) étudiant(e) de première année en médecine pourrait discréditer.
Cette tactique a déjà produit des «résultats » en Europe et dans certains pays où les politiciens ont ignoré les opinions de leurs scientifiques, et ont imposé des restrictions sur l'usage des CEM. Ceci est la même tactique des mouvements anti-vaccins et de ceux qui nient le changement climatique. Les motivations derrières ces gens peuvent varier d'une personne à une autre, mais ils partagent l'effet le plus nocif à notre société, à savoir la propagation au sein du public de l'irrationalité et de la méfiance de à la science. Le bien-être de notre société dépend de la science et de la technologie, et de telles croyances irrationnelles vont avoir des conséquences dévastatrices.
Conclusion
Il serait impossible pour ce document de commenter sur toutes les «études » mentionnées par l'article de Levitt & Lai. On a réfuté quelques exemples tels que les études faites par Lai lui-même sur l'ADN. On aurait pu réfuter encore plusieurs de ces arguments, mais ceci n'était pas notre objectif. L'analyse complète et permanente de toutes les études pertinentes à la santé publique est la responsabilité des organes gouvernementaux chargés de protéger le public. Pratiquement, toutes ces organisations partagent la conclusion que les CEM dans les limites actuelles ne posent aucun risque à la santé publique. Quand le public et les politiciens commencent à prendre au sérieux ces charlatans avec leur agenda pseudo-scientifique et ignorent les experts scientifiques, on serait sur une très dangereuse voie.
References
1. Malyapa RS, Ahern EW, Straube WL, Moros EG, Pickard WF, Roti Roti JL. Measurement of DNA damage after exposure to 2450 MHz electromagnetic radiation. Radiat Res 148:608-617; 1997.
2. Lagroye I, Anane R, Wettring BA, Moros EG, Straube WL, Laregina M, Niehoff M, Pickard WF, Baty J, Roti Roti JL. Measurement of DNA damage after acute exposure to pulsed wave 2450 microwaves in rat brain cells by two alkaline à comet assay methods. Int J Radiat Biol 80:11-21; 2004
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